Le saviez-vous ?
Les TOC arrivent au quatrième rang des troubles psychiatriques les plus répandus en France, après :
⇒ Les phobies
⇒ Les addictions aux substances
⇒ Les troubles dépressifs
Les TOC
Les TOC, ou Troubles Obsessionnels Compulsifs, ne sont plus un mystère pour les professionnels de santé, en particulier les psychologues et les psychiatres, qui les reconnaissent aujourd’hui comme une maladie à part entière.
Atteignant des milliers de personnes, les TOC constituent une grande source de souffrance pour ceux-ci, qui voient leur quotidien parfois bouleversé. La perte de temps peut-être considérable, et la réorganisation de leur vie, autour des TOC, n’est pas chose rare.
Une pathologie de tous les âges et pas si rare !
Les TOC font leur apparition soit précocement, à savoir dès l’enfance, soit tardivement, à l’âge adulte, cela varie d’une personne à l’autre.
Ils constituent une pathologie fréquente puisque 2 à 3% de la population en serait atteint. Ces chiffres sont à mon sens en deçà de la réalité en raison de la honte associée à ce trouble qui décourage certain(e)s de s’engager dans une démarche de soin. Se confier à l’inconnu que représente le psychologue ou le psychiatre n’est pas un exercice facile.
Par ailleurs, encore beaucoup de personnes méconnaissent à ce point les TOC, qu’ils ne savent pas qu’ils en souffrent eux-mêmes ! Les TOC prennent en effet des visages différents, contribuant à complexifier leur identification par les gens, parfois même encore par certains psychologues.
Obsessions et compulsions :
qui domine qui ?
Majoritairement, la balance entre l’obsession et la compulsion, chez une même personne, est équilibrée.
Pour exemple, la compulsion consistant à vérifier plusieurs fois si le gaz est bien éteint, répond fréquemment à la peur d’être responsable d’un départ de feu (obsession). De même que les lavages de mains répétés (compulsions) sont associés en grande partie à la peur de la contamination, soit par des microbes soit par des maladies comme le SIDA (obsession).
Il n’est toutefois pas impossible de constater un déséquilibre entre la présence d’une obsession et celle d’une compulsion. Cela peut donner lieu à des TOC dit « à dominance compulsive », dans lesquels les obsessions seraient moindres voir inexistantes, ou inversement, des TOC dit à « dominance obsessionnelle », chez qui les compulsions « motrices » (misent en acte) n’auraient pas lieu. Toutefois, l’absence de compulsions «motrices » n’exclut pas la présence de compulsions « mentales », rendant parfois le dépistage des TOC par les thérapeutes, plus complexe.
Les exemples
TOC « à dominance compulsive » : le besoin impérieux d’aligner les objets / de ranger dans un ordre bien précis / de disposer les choses de telle manière / d’accomplir des habitudes dans un ordre établi / …
TOC à « dominance obsessionnelle » : la peur d’avoir pu dire quelque chose de mal sans s’en être rendu compte / la peur d’avoir eu un acte déplacé / la peur d’avoir commis une erreur / …
TOC avec obsessions et compulsions mentales (et non motrices) : répéter X fois intérieurement tel mot afin de ne pas s’exposer à tel danger / compter jusqu’à tel chiffre avant de réaliser tel comportement / …
Le saviez-vous ?
Bien que souvent associés ou confondus, le TIC et le TOC concernent deux choses différentes !
Un TOC est un trouble psychiatrique menant à des actes volontaires, les compulsions, consécutivement à la survenue de pensées obsessionnelles, dans le but d’apaiser l’angoisse générée.
Le TIC quant à lui se caractérise par un mouvement involontaire et inattendu d’une partie du corps ou par la survenue d’une vocalisation (reniflement, raclement de gorge, bruits de bouche, …), et n’est pas accompagné de pensée particulière.
Seul le phénomène de répétition est commun à ces deux troubles.Une dénomination évocatrice : “la folie lucide”
Malgré le raisonnement poussé des personnes pour justifier leurs comportements, la prise de conscience paradoxale du caractère disproportionné de ce qu’ils mettent en place, est le plus souvent bien présente.
Cette conscience est ainsi la source d’une grande souffrance dont la honte est reine. Le fait qu’une personne puisse accomplir volontairement des comportements répétés pendant des heures, tout en les jugeant absurdes, a amené l’éminent professeur de médecine le docteur Trélat, à parler en 1861, de « folie lucide ».
TOC : une pathologie aux multiples visages
Obsessions et compulsions relèvent de thématiques différentes, variant alors d’une personne à l’autre. Alors que pour certains, une seule thématique est présente, chez d’autres, plusieurs d’entre elles peuvent coexister. Dans ce cas, l’une prédomine souvent sur les autres, constituant ainsi le motif principal de la venue de la personne en consultation.
Les thèmes principaux sont les suivants :
Cliquer sur les vignettes ci-dessous pour avoir le détail de chaque thème
PRÉCISION, ORDRE, SYMÉTRIE et PERFECTION
Les personnes souffrant de TOC rattachés à cette thématique déploient beaucoup d’énergie et de temps à la symétrie des objets, l’ordre et le rangement. Ces obsessions s’accompagnent de rituels d’agencement et de vérification : chaque objet doit avoir une place précise, les choses doivent être parfaitement symétriques, etc.
Le temps passé à trouver l’emplacement « parfait », peut être parfois considérable. Pour ces personnes, un objet qui n’est pas à sa place peut générer une très forte angoisse et s’accompagner de pensées dites « magiques » comme « si cet objet n’est pas à sa place, un malheur va arriver à mes proches ». Le besoin de symétrie et
d’exactitude peut aussi s’accompagner de conduites d’évitement comme ne pas bouger certains objets ou ne jamais utiliser certaines choses, par exemple.EXEMPLE : Juliette est passionnée de lecture. Depuis 2 mois, elle rencontre toutefois des difficultés qui viennent remettre en question le plaisir pris dans ces moments de détente. En effet, Juliette se sent de plus en plus obligée de relire l’intégralité d’une page qui vient pourtant d’être lue (compulsion), par crainte d’être passée à côté d’un élément de l’histoire (obsession).
CONTAMINATION et PURETÉ
Dans ce thème, obsessions de contamination et compulsions de lavage sont les deux faces d’une même pièce. L’obsession peut se déclencher soit de manière spontanée, soit à la vue d’un stimulus externe (comme une trace, un déchet, des sécrétions corporelles diverses, …) ou encore suite à une sensation physique difficile à verbaliser
(impression physique de « sale » sur les mains). Ce qui nous fait qualifier ces pensées d’ « obsédantes » est le caractère intrusif de celles-ci, la difficulté à les contrôler, la fréquence de leur survenue, et la lutte anxieuse dans le but de les neutraliser.L’obsession de contamination peut consister en une crainte de contamination par des bactéries/virus ou des radiations, qui ont pour conséquence la contraction de maladies considérées par le patient comme graves et mortelles. Les explications fournies par la personne pour justifier la contamination sont souvent très élaborées,
mais revêtent une portée excessive, signant ainsi le caractère pathologique du raisonnement.La lavage concerne les mains/le corps de la personne atteinte de ce TOC, mais est aussi bien souvent associé à un nettoyage scrupuleux de ce qui compose son lieu de vie. Certains objets peuvent-être considérés comme « sales », donc sujets à des nettoyages fréquents, d’autres non, sans qu’aucune logique ne puisse être objectivement légitime.
EXEMPLE : Alice a deux manières bien distinctes d’évoluer dans son appartement. Celle, avant d’avoir pris sa douche, la seconde, une fois lavée. Avant sa douche, Alice va s’interdire d’aller dans sa chambre, considérée comme territoire « décontaminé », ainsi que de s’assoir sur son canapé. Elle privilégiera alors comme assise une chaise de cuisine, bien précise, toujours utilisée avant sa toilette. Après sa douche, une fois considérée comme « propre » et à l’écart de tout risque de contaminer les espaces étiquetés comme « sains », Alice s’autorise enfin à accéder à sa chambre ainsi qu’à son salon.
DANGERS et CATASTROPHES
Les obsessions rattachées à ce thème s’apparentent essentiellement à la crainte d’avoir oublié de faire quelque chose et/ou d’avoir mal fait, qui pourrait causer des dommages humains ou matériels conséquents.
Les compulsions prennent alors la forme de vérifications, plus ou moins contraignantes, réalisées selon des modalités bien précises.
Certaines personnes ont l’impression que leur mémoire leur fait défaut, et qu’il leur faut plus de temps que la moyenne pour se souvenir par exemple que telle porte soit bien fermée, ou encore que telle lumière soit bien éteinte. Certains allant jusqu’à prendre des photos des appareils électroménagers, éteints, en cas de doute
ultérieur une fois sortis du domicile. Mais les TOC n’ont bel et bien rien à voir avec un déficit mnésique.EXEMPLE : Blandine se doit de vérifier X fois la porte d’entrée, jusqu’à temps qu’elle ait la sensation que celle-ci soit bien fermée, et que son angoisse puisse redescendre ou être évitée. Ce rituel peut être recommencé de nombreuses fois si elle vient à être perturbée par une pensée, ou un événement extérieur.
RELIGIEUX, MORAUX et SUPERSTITIEUX
La thématique repose sur l’occurrence d’obsessions en lien avec la peur de porter malheur à soi-même ou à son entourage. Pour les personnes qui en souffrent, l’évocation d’un chiffre, la présence d’une couleur ou d’un signe particulier sont susceptibles de provoquer de manière irrationnelle des catastrophes. Ces obsessions ont souvent un caractère religieux ou spirituel : peur du blasphème, du sacrilège, attention accrue envers la notion de bien/ de mal. En découlent des rituels conjuratoires qui peuvent prendre la forme de répétition d’un geste (comme toucher un objet un certain nombre de fois), d’un mot, d’une phrase, ou d’arithmomanie (fait de compter mentalement). Ces rituels peuvent être mis en acte suite à l’exposition à quelque chose d’anxiogène qui a « réveillé » l’obsession (ex : la vue du chiffre 13), ou bien se produire en prévention, afin d’éviter de s’exposer à un risque perçu (ex : prononcer plusieurs fois un mot identifié comme « sécurisant » avant de
monter en voiture).EXEMPLE : Au-delà d’être convaincue que l’adoption d’un chat noir ne serait pas une idée pertinente, Raphaël tente, tant bien que mal, de bannir de son vocabulaire tout mot qui pourrait être rattaché au sujet de la mort, de peur que leur utilisation ne provoque un drame autour de lui. Si par mégarde il déroge à cette règle, Raphaël se répète en tête le mot « protéger » jusqu’à temps qu’il sente que la menace est écartée.
PHOBIE D’IMPULSION
Ce type de TOC, dont l’appellation prête souvent à confusion à cause du terme « phobie », se manifeste par des pensées totalement contraires à la vraie nature et au sens moral des personnes. Elles se sentent alors terrifiées à l’idée de pouvoir commettre des choses moralement condamnables et ne pas parvenir à se contrôler. Il s’agit de loin du type de TOC le plus douloureux à vivre tant la honte et la culpabilité sont importantes. Sachez toutefois qu’aucun passage à l’acte n’est possible dans la phobie d’impulsion, même si l’impression de pouvoir être réellement capable de le faire est très présente. Ces personnes ont peur d’être incomprises ou jugées à cause de ces pensées intrusives et dérangeantes, ce qui les empêchent parfois même d’en parler avec des professionnels de santé, par peur de révéler des pensées
inavouables et d’être catégorisées comme des personnes dangereuses ou atteintes de psychose.EXEMPLE : Parmi les angoisses les plus fréquentes, on trouve : l’angoisse de se suicider, d’assassiner quelq’un, d’être homosexuel, de laisser échapper des insults dans un moment très inapproprié, d’être pédophile, de ne pas s’arrêter à un passage piéton utilisé, de mettre un coup de volant brusque sur l’autoroute…
Alors, TOC ou pas TOC ?
Pensées « loufoques » ne veut pas dire TOC systématiquement.
Parmi les plus de 60 000 pensées par jour que l’on a, toutes ne sont pas pertinentes, efficientes ou rationnelles.
Nous avons tous parfois d’étranges pensées qui font intrusion dans notre esprit. C’est fréquent, normal, et généralement sans conséquence importante sur le quotidien. Et bien chez les personnes qui souffrent de TOC, ces pensées sont mal interprétées : elles leur accordent trop d’importance ou les considèrent inacceptables, immorales ou menaçantes. Et ce phénomène va générer une telle anxiété qu’il va les conduire à essayer de la réprimer à travers les fameuses compulsions.
La présence d’un TOC se confirme par différents éléments :
- La récurrence des pensées obsessionnelles (plusieurs fois par jour).
- Le temps passé, destiné aux compulsions (jusqu’à plusieurs heures par jour).
- L’angoisse associée aux obsessions ou provoquée en cas de résistance aux compulsions.
- L’impact global sur la qualité de vie (privée et/ou professionnelle).