Les TOC

Les TOC, ou Troubles Obsessionnels Compulsifs, ne sont plus un mystère pour les professionnels de santé, en particulier les psychologues et les psychiatres, qui les reconnaissent aujourd’hui comme une maladie à part entière.

Atteignant des milliers de personnes, les TOC constituent une grande source de souffrance pour ceux-ci, qui voient leur quotidien parfois bouleversé. La perte de temps peut-être considérable, et la réorganisation de leur vie, autour des TOC, n’est pas chose rare.

Une pathologie de tous les âges et pas si rare !

Les TOC font leur apparition soit précocement, à savoir dès l’enfance, soit tardivement, à l’âge adulte, cela varie d’une personne à l’autre.

Ils constituent une pathologie fréquente puisque 2 à 3% de la population en serait atteint. Ces chiffres sont à mon sens en deçà de la réalité en raison de la honte associée à ce trouble qui décourage certain(e)s de s’engager dans une démarche de soin. Se confier à l’inconnu que représente le psychologue ou le psychiatre n’est pas un exercice facile.

Par ailleurs, encore beaucoup de personnes méconnaissent à ce point les TOC, qu’ils ne savent pas qu’ils en souffrent eux-mêmes ! Les TOC prennent en effet des visages différents, contribuant à complexifier leur identification par les gens, parfois même encore par certains psychologues.

Obsessions et compulsions :
qui domine qui ?

Majoritairement, la balance entre l’obsession et la compulsion, chez une même personne, est équilibrée.

Pour exemple, la compulsion consistant à vérifier plusieurs fois si le gaz est bien éteint, répond fréquemment à la peur d’être responsable d’un départ de feu (obsession). De même que les lavages de mains répétés (compulsions) sont associés en grande partie à la peur de la contamination, soit par des microbes soit par des maladies comme le SIDA (obsession).

Il n’est toutefois pas impossible de constater un déséquilibre entre la présence d’une obsession et celle d’une compulsion. Cela peut donner lieu à des TOC dit « à dominance compulsive », dans lesquels les obsessions seraient moindres voir inexistantes, ou inversement, des TOC dit à « dominance obsessionnelle », chez qui les compulsions « motrices » (misent en acte) n’auraient pas lieu. Toutefois, l’absence de compulsions «motrices » n’exclut pas la présence de compulsions « mentales », rendant parfois le dépistage des TOC par les thérapeutes, plus complexe.

Les exemples

TOC « à dominance compulsive » : le besoin impérieux d’aligner les objets / de ranger dans un ordre bien précis / de disposer les choses de telle manière / d’accomplir des habitudes dans un ordre établi / …

TOC à « dominance obsessionnelle » : la peur d’avoir pu dire quelque chose de mal sans s’en être rendu compte / la peur d’avoir eu un acte déplacé / la peur d’avoir commis une erreur / …

TOC avec obsessions et compulsions mentales (et non motrices) : répéter X fois intérieurement tel mot afin de ne pas s’exposer à tel danger / compter jusqu’à tel chiffre avant de réaliser tel comportement / …

Le saviez-vous ?

Bien que souvent associés ou confondus, le TIC et le TOC concernent deux choses différentes !
Un TOC est un trouble psychiatrique menant à des actes volontaires, les compulsions, consécutivement à la survenue de pensées obsessionnelles, dans le but d’apaiser l’angoisse générée.

Le TIC quant à lui se caractérise par un mouvement involontaire et inattendu d’une partie du corps ou par la survenue d’une vocalisation (reniflement, raclement de gorge, bruits de bouche, …), et n’est pas accompagné de pensée particulière.

Seul le phénomène de répétition est commun à ces deux troubles.

Une dénomination évocatrice : “la folie lucide”

Malgré le raisonnement poussé des personnes pour justifier leurs comportements, la prise de conscience paradoxale du caractère disproportionné de ce qu’ils mettent en place, est le plus souvent bien présente.

Cette conscience est ainsi la source d’une grande souffrance dont la honte est reine. Le fait qu’une personne puisse accomplir volontairement des comportements répétés pendant des heures, tout en les jugeant absurdes, a amené l’éminent professeur de médecine le docteur Trélat, à parler en 1861, de « folie lucide ».

TOC : une pathologie aux multiples visages

Obsessions et compulsions relèvent de thématiques différentes, variant alors d’une personne à l’autre. Alors que pour certains, une seule thématique est présente, chez d’autres, plusieurs d’entre elles peuvent coexister. Dans ce cas, l’une prédomine souvent sur les autres, constituant ainsi le motif principal de la venue de la personne en consultation.

Les thèmes principaux sont les suivants :

Cliquer sur les vignettes ci-dessous pour avoir le détail de chaque thème

  • précision, ordre, symétrie et perfection
  • contamination et pureté
  • dangers et catastrophes
  • religieux, moraux, superstitieux
  • phobie d'impulsion

Alors, TOC ou pas TOC ?

Pensées « loufoques » ne veut pas dire TOC systématiquement.

Parmi les plus de 60 000 pensées par jour que l’on a, toutes ne sont pas pertinentes, efficientes ou rationnelles.

Nous avons tous parfois d’étranges pensées qui font intrusion dans notre esprit. C’est fréquent, normal, et généralement sans conséquence importante sur le quotidien. Et bien chez les personnes qui souffrent de TOC, ces pensées sont mal interprétées : elles leur accordent trop d’importance ou les considèrent inacceptables, immorales ou menaçantes. Et ce phénomène va générer une telle anxiété qu’il va les conduire à essayer de la réprimer à travers les fameuses compulsions.

La présence d’un TOC se confirme par différents éléments :

  • La récurrence des pensées obsessionnelles (plusieurs fois par jour).
  • Le temps passé, destiné aux compulsions (jusqu’à plusieurs heures par jour).
  • L’angoisse associée aux obsessions ou provoquée en cas de résistance aux compulsions.
  • L’impact global sur la qualité de vie (privée et/ou professionnelle).